Véronique Grauby vit avec l’anorexie depuis maintenant 35 ans. Les médecins s’interrogent comment elle fait pour tenir encore debout.
« Je déteste la bouffe. Je ne veux plus me casser la tête alors je me fais un menu et je mange la même chose pendant un an », confie Véronique Grauby, 50 ans, de St-Bruno-de-Montarville. Alors qu’elle en est à 5’4’’ et 88 livres, elle lutte chaque jour contre son dégoût de la nourriture, elle qui vit avec l’anorexie depuis maintenant 35 ans.
C’est en 2000 que Véronique Grauby touche le fond, lorsqu’elle est hospitalisée pendant six mois. A cette époque, elle ne mangeait que du chocolat et buvait une bouteille de Porto chaque deux jours. A un certain moment, son poids n’était plus que de 75 livres ! « La souffrance n’était plus tolérable. Je me couchais saoule et je me levais agonisante. J’ai frôlé la mort. Mon foie et mon cœur étaient en train de défaillir », se rappelle l’intéressée.
Durant son hospitalisation, les médecins l’ont obligée à manger trois repas et trois collations par jour, sous peine de sanction. « Je vais à jamais me souvenir de la fois où j’ai perdu 10 grammes. On ne m’a pas autorisée à rentrer chez moi pendant la fin de semaine pour voir mon mari et mon fils. J’en ai pleuré toutes les larmes de mon corps », témoigne-t-elle en se rappelant qu’elle pesait 128 livres en quittant l’hôpital.
« Il ne faut pas confondre quelqu’un qui est au régime, même pour toute sa vie, avec quelqu’un qui a l’anorexie ». Selon Véronique Grauby, l’anorexie est une maladie aussi pénible que le cancer, « Ce n’est pas un choix ».
Elle explique que « On a le choix d’être une victime ou d’être une personne qui s’en sort à sa façon. Moi, j’ai pris de grandes décisions. Je peux dire aujourd’hui que je suis heureuse, malgré la maladie ». « Plus jeune, si j’avais eu plus de courage, je me serais tirée une balle.
Avec du recul, je ne regrette rien. C’est mon parcours particulier qui m’a permis de devenir ce que je suis, une mère de famille heureuse et une artiste accomplie. L’art me permet de ne plus penser à mon corps. J’ai même écrit un livre, Ce qui ne tue pas rend fort », explique-t-elle.
Bien qu’elle manque de fer dans le sang, Véronique Grauby est une boule d’énergie. Elle a déjà couru des marathons. Son nouveau médecin n’en croit pas ses yeux et souhaite étudier son cas. « Les médecins s’attendent toujours au pire à chaque rencontre. Comment une personne qui a autant détruit son corps peut encore être debout ? Je serais une rareté », ajoute-t-elle.
Alors qu’elle doit vivre avec sa maladie, Véronique Grauby s’est fixé comme menu pour 2015 : un café au lait et une gaufre au beurre d’arachides et à la tartinade au chocolat pour déjeuner.
Une petite salade, bien souvent au couscous, pour le midi. Un bol de céréales avec du yogourt, accompagné d’un verre de vodka-soda et d’un sac de croustilles au fromage ultra piquantes, pour le repas du soir.