Etre enceinte est une motivation pour de nombreuses femmes d’arrêter de fumer. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles arrêtent définitivement de fumer.
Le tabagisme n’est pas une bonne chose pour le fœtus. C’est pour cette raison que de nombreuses femmes arrêtent de fumer lorsqu’elles sont enceintes. Cette motivation d’arrêter de fumer ne dure malheureusement pas après l’accouchement, c’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Addiction.
C’est en compilant plusieurs études menées par les universités britanniques de Nottingham et de York, que les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les fumeuses, des 43% des cas, ont recommencé à fumer six mois après la naissance de leur enfant. Ce taux d’échec n’étonne pas le docteur Ivan Berlin, tabacologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
« Dans le sevrage tabagique, la rechute fait partie du jeu. Plus l’abstinence va durer longtemps et moins il y a de risque de rechute » explique le spécialiste. Il précise par ailleurs que, sans aide médicale, c’est moins de 5% des tentatives d’arrêter de fumer qui aboutissent à une abstinence après une année. Les femmes enceintes entrent donc parfaitement dans ce schéma.
De nombreuses femmes fument pendant leur grossesse
Si le pourcentage de femmes enceintes qui rechute après leur grossesse est un chiffre décevant, que dire de celles qui continuent à fumer alors qu’elles attendent un enfant ? Elles sont en effet encore 18% à fumer en France au cours du premier trimestre de leur grosses, ce qui est un chiffre particulièrement alarmant.
Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), ces femmes représentent plus de la moitié des femmes qui fumaient avant d’être enceinte. Cela signifie que donner la vie n’est pas une motivation suffisante pour arrêter de fumer.
C’est d’autant plus inquiétant qu’il est prouvé que fumer pendant les premiers mois de grossesse contribue à augmenter le risque de grossesse extra-utérine et d’avortement spontané. De plus, le tabac contribue aux naissances prématurées, au retard de croissance intra-utérin et à un faible poids du bébé à la naissance.
A cela, il faut ajouter la Haute Autorité de santé (HAS) qui rappelle que « l’exposition in utero du tabac est à l’origine d’altérations des poumons de l’enfant à naître ». Elle ajoute que « ces enfants ont également un risque de retard psychomoteur ou de paralysie cérébrale ».
Des bons d’achats pour inciter à arrêter de fumer ?
C’est pour inciter les femmes enceintes à arrêter de fumer que le docteur Ivan Berlin va lancer une expérimentation originale. Son idée est d’offrir des bons d’achats aux futures mères. Elles recevront 20 euros en bons d’achat, puis 40 euros, puis 60 euros, … dans le but de les inciter. « Cette première phase de l’étude est de voir si pour un coût minime de 200 euros par femme, nous obtenons plus de résultats. Ensuite, il s’agit d’évaluer les gains en termes de santé publique », explique le tabacologue.
Par contre, son étude ne se poursuivra pas après l’accouchement. Il sera donc impossible de savoir si les bons d’achats auront un effet bénéfique contre les rechutes.
